mercredi 30 mai 2012

Histoir de Qalâa Ath Abbès


Qalâa Ath Abbès : Commémoration de la mort de Mokrani.


Des officiels et des anonymes ont convergé vers la Qalâa Nath Abbes pour rendre hommage au leader de l’insurrection de 1871, El Hadj Mhamed El Mokrani. L’homme s’était posté sur un mamelon qui surplombait le Koudiat El Mesdour, non loin de Bouira qui s’appelait alors Bordj Hamza. Il dirigeait depuis le matin une attaque de ses patriotes contre la colonne Cerez.
Il venait d’accomplir la prière du Dhor mais il s’était penché pour une dernière génuflexion en murmurant la profession de foi. Comme il tardait à se relever, inquiets, ses compagnons se portèrent à son chevet. Ils s’aperçurent, en le relevant, qu’il était mort, frappé par une balle en plein front. C’est ainsi qu’est tombé au champ d’honneur El Hadj Mhand Ath Mokrane, dit El Mokrani, le 5 mai 1871, victime, très probablement, d’une trahison. Deux mois plutôt, il avait pris, en compagnie du vénérable Cheikh Aheddad, le chef spirituel de la confrérie de la Tarika Rahmaniya, la tête d’une grande insurrection populaire qui s’était fixé pour but de jeter les colons français à la mer. C’est ce tragique événement dont on a célébré mardi dernier à la Qalâa Ath Abbes, commune d’Ighil Ali, le 138e anniversaire. C’est, en effet, à Qalâa, cette citadelle naturelle qui défie les siècles que repose Mokrani au cimetière de ses glorieux ancêtres qui avaient fondé un royaume où les Ottomans n’ont jamais pu poser le pied. Les festivités de cette année ont été rehaussées par la présence de M. Ali Bedrici, wali de Béjaïa qui a été accueilli à son arrivée à la Qalâa par les autorités locales et les notabilités de la région avec, à leur tête, M. Ali Haroun, l’ancien membre du HCE. Il convient, en effet, de souligner qu’après de longues années d’oubli, les autorités se sont enfin rappelé au bon souvenir de ce haut lieu de l’histoire dont Mokrani lui-même n’est que le dernier maillon d’une longue lignée d’Amokrane qui ont contribué à façonner l’histoire et de l’Algérie et de la Berbérie. Ce regain d’intérêt des autorités a fait naître chez la population l’espoir, somme toute légitime, que la longue injustice des années de marginalisation subie par la Qalaâ N’ath Abbes, qui a tant donné à ce pays, va enfin connaître son épilogue. Après le dépôt de la traditionnelle gerbe de fleurs au Carré des martyrs de la Révolution de 1954, le long cortège des invités, des officiels et des anonymes, s’est dirigé vers El Djamâa El Kebir pour une autre gerbe de fleurs, cette fois-ci sur le tombeau de Mokrani qui, soit dit en passant, est indigne d’un héros qui fait partie des mythes fondateurs de la nation. Les délégations ont par la suite visité la mosquée El Djamâa Ousanoun, fondée aux alentours des années 1510 avant d’assister à une conférence donnée par M. Djamel Seddik sur l’histoire la Qalâa à travers les siècles. Les festivités, organisées par l’association locale et des bénévoles du village, ont pris fin par un couscous traditionnel offert à tous les invités. A noter que M. Rachid Fatmi, l’ancien wali avait mis les pieds à Qalâa pour la première fois de son long passage à la tête de la wilaya de Béjaïa, l’année dernière seulement. En cette occasion, il avait promis de réparer la route qui mène de Bordj Boni à Qalâa et de construire un mausolée digne de Mokrani. Hélas, il avait fait ses promesses au même temps que ses valises, ce qui fait que Qalâa attend toujours qu’on ne se rappelle pas de son existence uniquement le 5 mai de chaque année.

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