Les espagnols et les ottomans y ont été tenus en échec : Le royaume
indépendant de la Qalaâ n’Ath Abbès fête son 500e anniversaire
Cette année, la commémoration du 139e anniversaire de la
mort, sur le champ de bataille, de El Hadj Mohamed El Mokrani, leader
de l’insurrection de 1871, menée avec l’appui de Cheikh Aheddad,
coïncide avec la célébration du 500e anniversaire de la naissance du
royaume indépendant de la Qalaâ n’Ath Abbès dans les Bibans.
La relation entre ces deux événements vient du fait que El Mokrani
a été le descendant direct des Ath Mokrane, fondateurs du royaume des
Ath Abbès au XVe siècle. Mokrane, signifiant le chef ou le sultan en
berbère, la fonction a donc créé le nom patronymique. Pour rappel, en
1510, après la chute de la ville de Béjaïa entre les mains des
Espagnols, les fils du sultan de la cité hafside, une partie de sa cour
ainsi que de nombreux artisans, intellectuels, réfugiés andalous ou
simples citoyens trouveront asile à la casbah fortifiée de la Qalaâ
n’Ath Abbès fondée par Sidi Abderrahmane, ancêtre des Mokrani, vers
1450.
Pedro de Navarro s’étant emparé de Béjaïa, c’est un véritable
transfert du pouvoir qui s’opère alors vers l’arrière-pays. Vers ce pic
quasiment inaccessible des Bibans et dont la mission militaire a
toujours été de garder le passage des portes de fer et l’entrée de la
vallée de la Soummam, sous la houlette du brillant stratège Abdelaziz
Amokrane, le royaume naissant va prospérer et tenir tête aux Espagnols
puis aux Ottomans. La Qalaâ deviendra alors un important centre
politique, militaire et économique régnant sur un territoire s’étendant
du Djurdjura jusqu’aux portes du désert. Les Turcs organiseront
plusieurs expéditions militaires contre la forteresse des Ath Abbès,
mais ne parviendront jamais à la faire plier. Pis encore, ils doivent se
soumettre à l’impôt et baisser leur étendard au passage des portes de
fer gardé par les Ath Abbès. Jusqu’à sa chute en 1624, date à laquelle
meurt assassiné son dernier sultan, la Qalaâ jouera un rôle politique
majeur dans un Maghreb en proie à de multiples divisions nées du déclin
des dynasties hafside, mérinide et abdelwadide.
A titre d’exemple, en 1545, Abdelaziz Amokrane s’allie aux Ottomans
pour repousser une invasion des Marocains saâdides alliés aux Espagnols.
Cette victoire, obtenue grâce aux troupes de Abdelaziz, jouera un rôle
dans la formation de la future Algérie par la mise en place des
premiers éléments du traçage des frontières. Même si le prestige de la
dynastie des Ath Mokrane ira déclinant, il se maintiendra jusqu’au jour
où El Hadj Mohamed El Mokrani décide de déclarer la guerre aux
Français en mars 1871. Ce mercredi 5 mai, donc, de très nombreux
invités et citoyens se sont retrouvés avec la délégation des autorités
officielles de la wilaya de Béjaïa, à la Qalaâ n’Ath Abbès pour
commémorer ce double anniversaire en se recueillant sur la tombe du
martyr El hadj Mohamed El Mokrani. Une conférence retraçant l’histoire
de cette cité forteresse a également été donnée par le professeur
Seddik Djamel. Béjaïa, le chef-lieu de wilaya, a également fêté ce
double anniversaire par une grande exposition qui s’est tenue au siège
du TRB.
Initiée par l’association Gehimab, en partenariat avec le Cnrpah, le
ministère de la Culture et l’association Nadi El Mokrani de la Qalaâ,
l’exposition avait pour objectif de faire connaître au grand public le
rôle joué par le royaume indépendant des Ath Abbès à une époque
charnière de l’histoire de l’Algérie. L’exposition avait aussi pour
objectif de faire le point sur les divers travaux engagés à la Qalaâ.
Un musée pour la Qalaâ et un mausolée pour les Mokrani
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Selon Mourad Nacer, directeur de la culture de la wilaya de Béjaïa, la
Qalaâ n’Ath Abbès aura bientôt son musée. Il regroupera un ensemble
d’objets et de documents historiques liés à la culture et l’histoire du
royaume, qui a défié les Espagnols et les Ottomans et assuré une
permanence maghrébine aux XVe et XVIe siècles. L’idée de l’érection
d’un mausolée en l’honneur de Mohamed El Mokrani et de son frère
Boumezrag a également été retenue par les autorités de la wilaya. Comme
pour Cheikh Aheddad et ses deux fils Aziz et M’hand, il est question,
en effet, de transférer les ossements des deux chefs des Ath Moqrane,
El hadj Mohamed, enterré dans le cimetière familial de Djamaâ El Kebir
et Boumezrag, enterré au cimetière de Sidi M’hamed, à Alger, vers un
mausolée digne de leur statut de figures historiques nationales. Par
ailleurs, nous avons également appris qu’une opération de restauration
de la Qalaâ n’Ath Abbès a été inscrite pour l’année 2010, sur
proposition du wali de Béjaïa avec l’appui du ministère de la Culture.
Cette opération concerne le mausolée du sultan Ahmed Ben Abderrahmane,
dit mosquée Ousahnoun, la grande mosquée dite Djamaâ El Kebir, le
mausolée de Cheikh El Mokrani, sa maison, la medersa des oulémas
musulmans construite en 1934 ainsi que la poudrière souterraine de
Mokrani.
Par Djamel Alilat
Joyeux anniversaire à notre jolie Kalaa ! Une reconnaissance inchallah de la part des autorités et une renaissance !
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