jeudi 26 juillet 2018
vendredi 17 janvier 2014
mercredi 30 mai 2012
Histoire d'une grande reine amazighe
La Reine Dihya
(dite Kahina).
Histoire d'une
grande reine amazighe.
Introduction.
Jamais sans doute
un personnage historique n'a fait l'objet de tant d'interprétations. La reine
Dihya est en effet plus qu'une reine au comportement exemplaire et héroïque.
Elle est un symbole de résistance, et habite l'imaginaire des Imazighen. Son
nom n'est même pas bien établi : elle s'appelait peut-être Dahya, Damya ou
Kahia.
Bien des
interprétations la concernant ne sont pas sans arrière-pensées idéologiques.
Pour les Occidentaux, il s'agit d'une reine mythique, comme s'il fallait
minimiser son combat. On la dit chrétienne dans le même but, comme si elle
présageait de la domination coloniale, alors qu'elle fut au contraire l'exemple
du refus de la soumission. Les historiens arabes la surnommèrent Kahina, ce qui
veut dire la prophétesse, au sens noble, mais aussi péjorativement la
devineresse, la sorcière pour certains. Certains la déclarèrent de religion
juive pour montrer qu'elle était une ennemie de la foi musulmane, ce qu'elle
fut effectivement, mais certainement pas en termes religieux. Quant aux juifs,
ils l'admirèrent, faisant un parallèle avec Déborah, la princesse mythique qui
réveille le peuple(1). Les Imazighen eux-mêmes ont sans doute exagéré le
personnage, puisqu'on lui prête parfois l'âge, de toute évidence très exagéré,
de 127 ans à sa mort !
Dans cette page
nous avons voulu avant tout faire la part de la réalité historique si difficile
soit-elle à connaître et les légendes. Dihya est effectivement un exemple de
courage hors du commun. Chef politique hors pair, elle était aussi une femme
qui su protéger ses enfants.
Le nom Dihya ou
Kahina
Dihya, Dhaya ou
Damya ? Les sources divergent et on ne connait pas son vrai nom. Si on retient
Damya, ce prénom vient sans doute du verbe edmy en tamazigh, qui signifie
devineresse. En Chaouias Tacheldit, Dihya signifie "la belle". On a
souvent appelé la reine Dihya Tadmut ou Dihya Tadmayt. Tadmut/Tadmayt signifie
gazelle. Les imazighen avaient coutume de prendre comme prénoms, des noms
animaux. Dyhia Tadmut pourrait signifier tout simplement "La belle
gazelle".
En ce qui
concerne le surnom de Kahina, il est manifestement arabe. Cependant, si
certains historiens arabes et juifs la décrivent comme un personnage haïssable,
il n'est pas certain qu'il soit péjoratif. Kahina a été souvent interprété
comme signifiant sorcière. La réalité est différente. A, l'origine, le terme,
qui donne aussi les prénoms féminins Karine et Karina, signifie en grec
"être pure". De là en Hébreu, la dérivation Cahen, Cohen, qui
signifie prêtre ou prêtresse, donc homme ou femme pur et le prénom français
Corinne qui signifie femme pure. On sait qu'en Afrique du Nord, toutes les
prêtresses subissaient un rituel de purification, qui semble être une tradition
d'origine animiste. En arabe, le dérivatif Taher, qui vient de Kahin, a le même
sens. Ce surnom s'appliquait aux prophètes et poètes avant l’islam et il n'est
pas péjoratif. Il n'est pas étonnant que Dihya se soient vu donner à la fois
les qualités de Reine et de Prêtresse. Les anciens Aghellid, c'est à dire les
rois, avaient aussi un pouvoir spirituel.
Les origines de
Dihya.
On ne sait
presque rien de son origine. Nous ignorons sa date de naissance. Ce qui est
certain, c'est qu'elle originaire de la tribu Djawara ou Jeroua donc une tribu
Zénata, dont le mode de vie était pastoral et semi-nomade.
Elle est
peut-être la fille de Mélag, Roi des Aurès. Selon Ibn Khaldoun, elle serait une
Zénata de la branche Madaghis (ou Badaghis). Sa généalogie serait la suivante :
Louwa le Grand ---> Nefzawa ---> Banou Yattofene ---> Walhassa
--->Dihya.
Ces hypothèses
contradictoires ont au moins deux points communs. La reine Dihya était une
noble et elle était originaire de l'Aurès, sans doute descendante d'une très
ancienne lignée amazighe. Ceci explique comment elle parvint à la royauté. Il
semble que son pouvoir lui fut donné par un conseil de tribus, ce qui était
courant à l'époque. Grâce à son intelligence remarquable, elle organisa une
confédération, regroupement de tribus, ce qui était courant face à un péril
grave. La légende dit aussi qu'elle aurait été d'une beauté éblouissante. Ce
genre de description, basé sur l'admiration, doit être pris avec
circonspection. Il est courant de magnifier un personnage important, et à plus
forte raison une femme, par la beauté. On sait que c'est à un âge avancé
qu'elle est amenée à lutter contre les musulmans. Elle était sans doute âgée au
moins de quarante ans (plus probablement cinquante ou soixante ans, on ne
sait).
La religion de
Dihya
On ne sait pas
précisément sa religion. Peut-être fut-elle chrétienne ou juive, mais elle a pu
être également animiste. Ce point est très controversé. Nous donnons ici
quelques éléments de discussion. C'est Ibn Khaldoun qui émet l'hypothèse
qu'elle était juive. Mais on peut raisonnablement penser qu'elle était animiste
:
L'histoire des
juifs d'Afrique du Nord est relativement bien connue à cette époque. Les
communautés étaient très restreintes. Elles étaient acceptées, mais on ne voit
pas comment une reine juive auraient pu avoir le pouvoir. Il n'y a jamais eu de
rois ou de reines juifs dans les Aurès d'après les documents historiques. Par
ailleurs l'invasion musulmane fut accompagnée de l'implantation de juifs, qui
assumaient les métiers interdits aux musulmans : banquiers, certains métiers du
commerce, et surtout forgerons. Ces métiers étaient absolument indispensables à
l'armée musulmane, et à l'administration des territoires conquis. L'Islam, à
cette époque, les protégeait. Si Dihya avait été juive on ne voit pas pourquoi
elle aurait combattu les musulmans. Ce n'est pas pour rien que les historiens
juifs l'ignorent ou, au contraire, la décrivent comme une redoutable ennemie.
Il nous semble plus logique de penser que lorsque Ibn Khaldoun la dit juive, il
veut tout simplement dire qu'elle appartenait à une religion existant avant
l'Islam. On a qualifié à tort la reine touarègue Ti Hinan de chrétienne de la
même manière. La découverte de son tombeau a montré que cette reine était
animiste. Quelque soit la rigueur d'Ibn Khaldoun, on peut penser qu'il n'avait
pas les moyens de déterminer exactement, plusieurs siècles après, la religion
de Dihya.
Prétendre qu'elle
fut chrétienne se heurte à d'autres difficultés. A cette époque, le
christianisme s'était effondré depuis longtemps en Afrique du Nord. Le seul
royaume chrétien restant était celui des Djeddars, dont on ne sait pas grand
chose sinon que les Byzantins cherchèrent sans succès à s'en faire un allié.
Les Byzantins tentèrent d'imposer un christianisme d'état, ce qui provoqua une
guerre entre eux et les Imazighen qui dura plusieurs siècles. Or, les Imazighen
laissent au départ musulmans et byzantins s'entretuer. Si elle avait été
chrétienne, Dihya se serait probablement alliée au Byzantins, d'autant que la
révolte de Koceilia contre les musulmans, quelques dizaines d'années
auparavant, devait encore être dans toutes les mémoires.
On a affirmé
aussi que Dihya était adoratrice de Gurzil, une divinité amazighe représentée
par un taureau. Si le culte du Taureau, symbole de virilité et de puissance,
est connu en Afrique du Nord dans l'Antiquité, aucun élément historique ne
prouve que Dihya en fut une prêtresse.
On peut donc
penser que Dihya était très probablement animiste, mais sans que l'on connaisse
vraiment le culte auquel elle appartenait. Cependant, faute de preuves
archéologiques, nous nous garderons bien de nous avancer plus. Selon la légende,
elle vivait dans un somptueux palais. A plusieurs reprises, on a pensé l'avoir
trouvé, mais apparemment sans succès pour l'instant.
Éléments
historiques
Voici ce qui
généralement est admis par les historiens de l'histoire de Dihya:
A son époque, une
guerre oppose les musulmans, dirigés par Hassan d'Ibn en Nu'man, les chrétiens
byzantins, qui tentent de préserver leurs possessions dans cette région, et les
Imazighen, habitants des lieux. Ces derniers sont d'abord divisés sur la
conduite à tenir. La Reine Dihya parvient à les rassembler, par son pouvoir de
conviction et sa grande intelligence pour lutter contre l'invasion musulmane.
Le résultat ne se fait pas attendre, puisqu'en 697, sous son commandement, ils
écrasent l'armée d'Ibn en Nu'man. Celui-ci doit livrer bataille près de l'Oued
Nini, à 16 km d'Aïn al Bayda. Les troupes imazighen font tant de victimes que
les Arabes appelèrent le lieu "Nahr Al Bala", ce qui se traduit par
"la rivière des souffrances". On dit que la rivière était rouge du
sang des combattants arabes. Après cette victoire les Imazighen poursuivent les
musulmans, et les obligent à se réfugier dans la place forte de Gabès. Le
calife Malik rappelle alors ses troupes en Tripolitaine (l'actuel nord de la
Libye).
Ibn Khadoun donne
dans sa version des détails étranges sur cette première bataille. Il prétend
notamment que les Imazighen auraient posséder des chameaux de combat. Si cela a
été le cas, ceci signifie qu'ils étaient alliés à une tribu saharienne, ce qui
n'est pas établi. Si de telles alliances sont connues lors de la lutte contre
les byzantins, dans les siècles précédents, elles ne sont pas établies lors de
l'invasion musulmane. Il indique également que les Imazighen auraient capturé
quarante musulmans et les auraient laissé rejoindre leur camps, à l'exception
de Khaled, que la reine aurait décidé d'adopter. Ce récit lyrique très beau,
reste lui aussi sujet à caution. On ne comprend pas pourquoi les Imazighen
n'auraient pas gardé les musulmans en otage, pratique courante à l'époque.
Après cette
défaite cuisante, les musulmans décident de concentrer leur effort de guerre
contre les chrétiens byzantins. En 695, les Byzantins reprennent Carthage aux
musulmans. Ils y restent seulement trois ans, avant d'en être définitivement
chassés en 698. La même année, Ibn en Nu'man fonde Tunis. En fait, les
Byzantins sont obligés de lâcher prise, préoccupés par des tensions au nord de
leur empire. La montée en puissance des royaumes chrétiens européens
constituent en effet une menace pour eux encore plus grave que l'invasion
musulmane.
Le royaume de
Dihya reste alors le seul obstacle contre la progression des musulmans à
l'ouest et Hassan Ibn en Nu'man reprend l'offensive contre les Imazighen.
Conscient de la forte résistance qu'il va rencontrer, il entreprend une
conquête systématique du pays. Possédant Carthage et la nouvelle ville de
Tunis, il dispose enfin de solides bases arrières. Dihya se trouve alors forcée
d'appliquer une politique de terres brûlées. Devant eux, les musulmans ne
trouvent qu'un pays détruit. Une partie de la population n'apprécie pas cette
politique, encore que ceci ne soit pas historiquement prouvé. Ibn Al Nu'man en
tire partie : il obtient des renforts du calife Abd al-Malik en 702. Son armée
compte alors probablement plus de 50 000 combattants. Face à une telle force,
Dihya n'avait d'autre choix que cette politique désespérée.
Après deux ans de
guerre, la bataille finale a lieu en 704, à Tabarqa. Dihya envoie auparavant
ses deux fils rejoindre le camp musulman, afin de préserver les intérêts de sa
famille. Ceci signifie que, loin de se renier, elle se place au contraire comme
un chef de guerre, qui privilégie son combat et se libère ainsi de toute
attache familiale. Il est probable qu'elle savait son combat perdu mais loin de
plier, elle accepte la mort avec un courage qui force l'admiration.
La bataille de
Tabarqa est finalement gagnée par les musulmans, mais ce n'est pas victoire
facile pour eux. Les Imazighen, bien que très inférieurs en nombre, opposent
une farouche résistance. Ibn Khadoun décrit le combat comme particulièrement
âpre et dit que les musulmans bénéficièrent "d'une intervention spéciale
de Dieu". Ceci signifie que les Imazighen livrèrent sans doute un combat
terrible, qui mis à mal les troupes musulmanes. Finalement, la reine Dihya est
capturée et décapitée au lieu-dit Bïr El Kähina (Le puits de la Kahina). Sa
tête est envoyée au calife Malik selon certains, jetée dans le puits selon
d'autres(2).
Hassan Ibn en
N'uman fait preuve d'un grand respect pour le peuple amazigh après sa victoire.
Il ne fait pas de prisonniers et ne commet aucun pillage. Sa grande tolérance
en fait d'ailleurs l'un des artisans de l'islamisation des Imazighen.
Les fils de Dihya
Les deux fils de
Dihya (Ifran et Yezdia) avaient rejoint le camp musulman avant la bataille.
Certains auteurs ont vu là une trahison de leur part. C'est à notre avis une
erreur, puisqu'il est clairement établi qu'ils rejoignirent le camp adverse sur
ordre de Dihya, et qu'ils ne participèrent pas à la bataille de Tabarqa. Ils ne
se convertirent à l'Islam et n'obtinrent un commandement militaire qu'ensuite,
lorsque Hassan Ibn en N'uman se décida à conquérir le Maroc.
Selon certains
auteurs, Dihya avait également un fils adoptif du nom de Khaled, un jeune arabe
fait prisonnier lors de la bataille de l'Oued Nini, qu'elle aurait adopté. Même
si on ne peut totalement exclure cette adoption, cette thèse nous semble
douteuse, et la description qu'en donne Ibn Khaldoun sujette à caution. Il a en
effet affirmé qu'elle partagea le lait de son sein entre Khaled et ses deux
enfants légitimes, ce qui semble impossible pour une femme âgée. Mais il se
pourrait qu'il décrive une cérémonie d'adoption qui était alors en vigueur, ou
la femme montrait son sein au fils adopté.
Conclusion.
Longtemps encore,
Dihya et ses fils susciteront des légendes. Ceci est sans doute dû autant à sa
détermination de femme, insoumise jusqu'au sacrifice d'elle-même qu'à la
protection qu'elle donna jusqu'au bout à ses fils, en mère exemplaire. Symbole
des femmes imazighen, elle est aussi le symbole de toute une culture, à l'égal
de Massinissa et de Jugurtha
1) La Bible,
Livre des Juges V, Cantique à Déborah, l'un des plus beaux et des plus anciens
cantiques de l'Ancien Testament.
(2) Cette
deuxième version nous semble la plus crédible, l'usage des musulmans dans la
guerre étant d'en finir vite avec leurs ennemis. L'envoi de sa tête au calife,
qui fait penser à une sorte de tête de Méduse, donc maléfique, est probablement
une invention de commentateurs. En revanche, en son souvenir, de nombreux puits
seront ensuite nommé "puits de la Kahina" un peu partout en Afrique
du Nord.
Le royaume indépendant de la Qalaâ n’Ath Abbès fête son 500e anniversaire
Les espagnols et les ottomans y ont été tenus en échec : Le royaume
indépendant de la Qalaâ n’Ath Abbès fête son 500e anniversaire
Cette année, la commémoration du 139e anniversaire de la
mort, sur le champ de bataille, de El Hadj Mohamed El Mokrani, leader
de l’insurrection de 1871, menée avec l’appui de Cheikh Aheddad,
coïncide avec la célébration du 500e anniversaire de la naissance du
royaume indépendant de la Qalaâ n’Ath Abbès dans les Bibans.
La relation entre ces deux événements vient du fait que El Mokrani
a été le descendant direct des Ath Mokrane, fondateurs du royaume des
Ath Abbès au XVe siècle. Mokrane, signifiant le chef ou le sultan en
berbère, la fonction a donc créé le nom patronymique. Pour rappel, en
1510, après la chute de la ville de Béjaïa entre les mains des
Espagnols, les fils du sultan de la cité hafside, une partie de sa cour
ainsi que de nombreux artisans, intellectuels, réfugiés andalous ou
simples citoyens trouveront asile à la casbah fortifiée de la Qalaâ
n’Ath Abbès fondée par Sidi Abderrahmane, ancêtre des Mokrani, vers
1450.
Pedro de Navarro s’étant emparé de Béjaïa, c’est un véritable
transfert du pouvoir qui s’opère alors vers l’arrière-pays. Vers ce pic
quasiment inaccessible des Bibans et dont la mission militaire a
toujours été de garder le passage des portes de fer et l’entrée de la
vallée de la Soummam, sous la houlette du brillant stratège Abdelaziz
Amokrane, le royaume naissant va prospérer et tenir tête aux Espagnols
puis aux Ottomans. La Qalaâ deviendra alors un important centre
politique, militaire et économique régnant sur un territoire s’étendant
du Djurdjura jusqu’aux portes du désert. Les Turcs organiseront
plusieurs expéditions militaires contre la forteresse des Ath Abbès,
mais ne parviendront jamais à la faire plier. Pis encore, ils doivent se
soumettre à l’impôt et baisser leur étendard au passage des portes de
fer gardé par les Ath Abbès. Jusqu’à sa chute en 1624, date à laquelle
meurt assassiné son dernier sultan, la Qalaâ jouera un rôle politique
majeur dans un Maghreb en proie à de multiples divisions nées du déclin
des dynasties hafside, mérinide et abdelwadide.
A titre d’exemple, en 1545, Abdelaziz Amokrane s’allie aux Ottomans
pour repousser une invasion des Marocains saâdides alliés aux Espagnols.
Cette victoire, obtenue grâce aux troupes de Abdelaziz, jouera un rôle
dans la formation de la future Algérie par la mise en place des
premiers éléments du traçage des frontières. Même si le prestige de la
dynastie des Ath Mokrane ira déclinant, il se maintiendra jusqu’au jour
où El Hadj Mohamed El Mokrani décide de déclarer la guerre aux
Français en mars 1871. Ce mercredi 5 mai, donc, de très nombreux
invités et citoyens se sont retrouvés avec la délégation des autorités
officielles de la wilaya de Béjaïa, à la Qalaâ n’Ath Abbès pour
commémorer ce double anniversaire en se recueillant sur la tombe du
martyr El hadj Mohamed El Mokrani. Une conférence retraçant l’histoire
de cette cité forteresse a également été donnée par le professeur
Seddik Djamel. Béjaïa, le chef-lieu de wilaya, a également fêté ce
double anniversaire par une grande exposition qui s’est tenue au siège
du TRB.
Initiée par l’association Gehimab, en partenariat avec le Cnrpah, le
ministère de la Culture et l’association Nadi El Mokrani de la Qalaâ,
l’exposition avait pour objectif de faire connaître au grand public le
rôle joué par le royaume indépendant des Ath Abbès à une époque
charnière de l’histoire de l’Algérie. L’exposition avait aussi pour
objectif de faire le point sur les divers travaux engagés à la Qalaâ.
Un musée pour la Qalaâ et un mausolée pour les Mokrani
http://www.elwatan.com/dist/puce.gif
Selon Mourad Nacer, directeur de la culture de la wilaya de Béjaïa, la
Qalaâ n’Ath Abbès aura bientôt son musée. Il regroupera un ensemble
d’objets et de documents historiques liés à la culture et l’histoire du
royaume, qui a défié les Espagnols et les Ottomans et assuré une
permanence maghrébine aux XVe et XVIe siècles. L’idée de l’érection
d’un mausolée en l’honneur de Mohamed El Mokrani et de son frère
Boumezrag a également été retenue par les autorités de la wilaya. Comme
pour Cheikh Aheddad et ses deux fils Aziz et M’hand, il est question,
en effet, de transférer les ossements des deux chefs des Ath Moqrane,
El hadj Mohamed, enterré dans le cimetière familial de Djamaâ El Kebir
et Boumezrag, enterré au cimetière de Sidi M’hamed, à Alger, vers un
mausolée digne de leur statut de figures historiques nationales. Par
ailleurs, nous avons également appris qu’une opération de restauration
de la Qalaâ n’Ath Abbès a été inscrite pour l’année 2010, sur
proposition du wali de Béjaïa avec l’appui du ministère de la Culture.
Cette opération concerne le mausolée du sultan Ahmed Ben Abderrahmane,
dit mosquée Ousahnoun, la grande mosquée dite Djamaâ El Kebir, le
mausolée de Cheikh El Mokrani, sa maison, la medersa des oulémas
musulmans construite en 1934 ainsi que la poudrière souterraine de
Mokrani.
Par Djamel Alilat
Histoir de Qalâa Ath Abbès
Des officiels et des anonymes ont convergé vers la Qalâa Nath Abbes pour rendre hommage au leader de l’insurrection de 1871, El Hadj Mhamed El Mokrani. L’homme s’était posté sur un mamelon qui surplombait le Koudiat El Mesdour, non loin de Bouira qui s’appelait alors Bordj Hamza. Il dirigeait depuis le matin une attaque de ses patriotes contre la colonne Cerez.
Il venait d’accomplir la prière du Dhor mais il
s’était penché pour une dernière génuflexion en murmurant la profession
de foi. Comme il tardait à se relever, inquiets, ses compagnons se
portèrent à son chevet. Ils s’aperçurent, en le relevant, qu’il était
mort, frappé par une balle en plein front. C’est ainsi qu’est tombé au
champ d’honneur El Hadj Mhand Ath Mokrane, dit El Mokrani, le 5 mai
1871, victime, très probablement, d’une trahison. Deux mois plutôt, il
avait pris, en compagnie du vénérable Cheikh Aheddad, le chef spirituel
de la confrérie de la Tarika Rahmaniya, la tête d’une grande
insurrection populaire qui s’était fixé pour but de jeter les colons
français à la mer. C’est ce tragique événement dont on a célébré mardi
dernier à la Qalâa Ath Abbes, commune d’Ighil Ali, le 138e anniversaire.
C’est, en effet, à Qalâa, cette citadelle naturelle qui défie les
siècles que repose Mokrani au cimetière de ses glorieux ancêtres qui
avaient fondé un royaume où les Ottomans n’ont jamais pu poser le pied.
Les festivités de cette année ont été rehaussées par la présence de
M. Ali Bedrici, wali de Béjaïa qui a été accueilli à son arrivée à la
Qalâa par les autorités locales et les notabilités de la région avec, à
leur tête, M. Ali Haroun, l’ancien membre du HCE. Il convient, en effet,
de souligner qu’après de longues années d’oubli, les autorités se sont
enfin rappelé au bon souvenir de ce haut lieu de l’histoire dont Mokrani
lui-même n’est que le dernier maillon d’une longue lignée d’Amokrane
qui ont contribué à façonner l’histoire et de l’Algérie et de la
Berbérie. Ce regain d’intérêt des autorités a fait naître chez la
population l’espoir, somme toute légitime, que la longue injustice des
années de marginalisation subie par la Qalaâ N’ath Abbes, qui a tant
donné à ce pays, va enfin connaître son épilogue. Après le dépôt de la
traditionnelle gerbe de fleurs au Carré des martyrs de la Révolution de
1954, le long cortège des invités, des officiels et des anonymes, s’est
dirigé vers El Djamâa El Kebir pour une autre gerbe de fleurs, cette
fois-ci sur le tombeau de Mokrani qui, soit dit en passant, est indigne
d’un héros qui fait partie des mythes fondateurs de la nation. Les
délégations ont par la suite visité la mosquée El Djamâa Ousanoun,
fondée aux alentours des années 1510 avant d’assister à une conférence
donnée par M. Djamel Seddik sur l’histoire la Qalâa à travers les
siècles. Les festivités, organisées par l’association locale et des
bénévoles du village, ont pris fin par un couscous traditionnel offert à
tous les invités. A noter que M. Rachid Fatmi, l’ancien wali avait mis
les pieds à Qalâa pour la première fois de son long passage à la tête de
la wilaya de Béjaïa, l’année dernière seulement. En cette occasion, il
avait promis de réparer la route qui mène de Bordj Boni à Qalâa et de
construire un mausolée digne de Mokrani. Hélas, il avait fait ses
promesses au même temps que ses valises, ce qui fait que Qalâa attend
toujours qu’on ne se rappelle pas de son existence uniquement le 5 mai
de chaque année.
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